Pourquoi voulez-vous devenir gestionnaire ? Faites le point avant d’agir
Commencez par évaluer les raisons qui motivent votre choix. Certaines peuvent être externes : la reconnaissance professionnelle, une meilleure rémunération, un bureau individuel (dans un contexte de travail hybride ou partagé) ou encore une influence plus grande dans l’organisation. D’autres sont plus internes : l’envie de faire grandir les autres, de relever un nouveau défi ou de donner du sens différemment à son travail.
Et parfois c'est la vie qui vous joue des tours et vous vous retrouvez gestionnaire par :
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« promotion technique », parce que vous êtes le ou la meilleur·e dans votre champ d’expertise ;
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nécessité organisationnelle : aucun·e autre candidat·e ne s’est manifesté·e ou pour éviter que vous ne démissionniez.
Dans ces cas, la question « est-ce que je veux vraiment ce poste? » est souvent reléguée au second plan.
Or, la gestion ne consiste pas à exceller techniquement, mais à s’investir dans le développement des personnes autour de soi, à bien répartir les tâches, et à s’assurer que l’équipe dispose de tout ce dont elle a besoin pour atteindre ses objectifs collectifs.
De collègue à gestionnaire : un passage parfois déstabilisant
Passer de collègue à gestionnaire nécessite des ajustements émotionnels. Ne plus tout partager avec ses ancien·nes collègues, mais aussi cadrer, prioriser, arbitrer, trancher…… autant de responsabilités qui peuvent générer un sentiment d’isolement ou d’inconfort.
Il n’est pas rare que de nouveau·velles gestionnaires ressentent du stress, voire doutent de leurs compétences. C’est normal et cela pousse à développer une posture d’apprentissage, à rechercher de l’aide, à renouer avec l’humilité. Un·e bon·ne gestionnaire ne prétend pas tout savoir; il ou elle pose des questions, écoute, apprend de ses erreurs.
Les qualités qu’on oublie trop souvent chez un·e bon·ne gestionnaire
Contrairement à ce qu’on entend parfois, un·e bon·ne gestionnaire n’est pas « naturellement charismatique » ou efficace dans ses décisions. Ces qualités, trop souvent surestimées, ne garantissent ni la solidité des relations au sein d’une équipe, ni l'efficacité à long terme.
À l'inverse, des qualités moins spectaculaires mais essentielles sont souvent sous-estimées :
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la patience pour laisser le temps aux individus de s’adapter;
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la constance pour bâtir la confiance à travers des décisions équitables;
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la conscience de soi pour comprendre ses biais et ses déclencheurs émotionnels;
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et surtout, l’apprentissage en continu.
Être gestionnaire implique de se former régulièrement, que ce soit sur la délégation efficace, les communications difficiles, l’écoute active, la mobilisation ou encore la gestion de la diversité générationnelle et culturelle. Que vous ayez deux mois ou vingt ans d’expérience en gestion, il y a toujours à apprendre.
Les erreurs fréquentes des gestionnaires nouvellement promu·es
Un piège fréquent est de conserver toutes les tâches techniques qu’on avait auparavant, tout en y ajoutant les responsabilités managériales. C’est la voie royale vers la surcharge de travail et un sentiment d’échec. La solution? Apprendre à déléguer intelligemment. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais de confiance envers soi et son équipe.
La microgestion, bien qu’humainement rassurante, est aussi un écueil à éviter. Elle traduit souvent un manque de confiance envers soi-même ou envers ses employé·es. À terme, elle démobilise l’équipe et mine le climat de travail.
Refuser un poste de gestion : lucidité, pas échec
Il est important de le rappeler : choisir de ne pas devenir gestionnaire n’est ni un échec, ni un aveu d’incompétence, mais un acte de lucidité et de maturité. Être heureu·se et performant·e sans être gestionnaire, c’est tout à fait légitime. Et il existe d’autres voies de progression dans l’organisation : devenir expert·e senior·e, mentor·e, coach interne ou leader d’influence.
Avant d’accepter un rôle de gestion, demandez-vous donc :
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Dans quoi suis-je réellement bon·ne?
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Qu’est-ce qui me rend heureu·se au travail?
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Quelles valeurs suis-je prêt·e à assumer au quotidien?
Et si vous avez déjà fait le saut mais que le doute vous habite, rappelez-vous qu’il n’est jamais trop tard pour réajuster le tir. Prendre du recul, demander du soutien, se former ou, si nécessaire, envisager un retour à un poste qui vous convient mieux, sont aussi des signes de leadership.
Pour conclure
Ce n’est pas parce qu’on vous offre une échelle que vous devez nécessairement y grimper. L’important n’est pas de gravir des échelons pour gravir des échelons, mais de vous assurer qu’ils mènent dans la direction qui vous convient le mieux. Et si c’est le bon chemin, alors équipez-vous : formation, mentor·es, outils, réseau. Et avancez à votre rythme.
Le rôle de gestionnaire est exigeant, mais aussi profondément humain. Prenez le temps de vous y préparer convenablement. Vous (et votre équipe) en sortirez tous et toutes grandis.
Pour aller plus loin :