Les 6 perspectives du Management 3.0
1-Dynamiser les gens : ils sont la partie la plus importante d’une organisation et les gestionnaires doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les garder actifs, créatifs et motivés.
2-Donner du pouvoir décisionnel aux équipes : elles peuvent s’auto-organiser et cela nécessite l’autonomisation, l’autorisation et la confiance de la part de leur gestionnaire.
3-Aligner les contraintes : l’auto-organisation peut ne pas être concluante. Il est donc nécessaire de protéger les personnes et les ressources partagées et de donner aux gens un but clair et des objectifs précis.
4-Développer les compétences : les équipes ne peuvent pas atteindre leurs objectifs si leurs membres n’ont pas les compétences nécessaires. La charge revient donc au gestionnaire d’assurer le développement des compétences de tout un chacun.
5-Faire croître la structure : de nombreuses équipes opèrent dans le cadre d’organisations complexes. Il est donc important d’examiner les structures qui améliorent la communication.
6-Améliorer le tout : les personnes, les équipes et les organisations ont besoin de s’améliorer sans cesse afin de reporter l’échec aussi longtemps que possible.
Vous l’avez compris, de telles perspectives visent autant l’épanouissement des collaborateurs que l’amélioration de leurs performances. Pour y parvenir, le management 3.0 essaie de réduire la distance qui sépare l’équipe de son gestionnaire. Autre avantage de cette approche, elle peut être menée à petit échelle pour commencer : vous pouvez essayer d’utiliser les perspectives d’abord avec une équipe avant de vouloir convertir l’organisation au complet.
Usage concret des perspectives du management 3.0
Quel est le but de ces perspectives? Comment les utiliser d’une manière constructive et utile pour vous? Je rappelle souvent que le management 3.0 est un mécanisme que vous avez besoin de mettre en place dans vos organisations. Ce n’est pas un processus clairement balisé, mais plutôt un ensemble de pratiques que vous pouvez utiliser pour relever les défis que vous rencontrez dans votre quotidien.
Prenons deux exemples, pour voir comment on peut mettre à profit les diverses perspectives énoncées plus haut.
Premier exemple : dans une entreprise on observe une baisse de l’engagement et de la motivation chez les employés. Les livrables sont moins bien « ficelés », les responsabilités des uns et des autres semblent plus floues (quand il y a un problème, personne ne se sent imputable)… Les choses ne peuvent pas rester en l'état, car elles risquent d’impacter négativement les objectifs d’affaires. Comment pouvons-nous augmenter l'implication et la participation des employés, dans un tel contexte?
Un travail d’analyse est nécessaire pour clarifier s’il s’agit d’un enjeu de motivation. Si c’est le cas, c’est l’occasion de creuser la perspective associée à dynamiser les gens. Vous pourriez alors utiliser l’outil “moving motivators” pour comprendre ce qui motive un individu ou même votre équipe. Et à partir de là, vous pourriez potentiellement bâtir un plan d’action pour corriger ce qui démotive les gens.
Ou alors c’est un cas où donner du pouvoir décisionnel aux équipes serait la perspective à explorer. Impliquer les collaborateurs dans le processus décisionnel est une bonne approche pour les sensibiliser à des enjeux dont ils n’ont pas forcément conscience. C’est aussi une belle occasion de les laisser proposer des façons de faire et de voir différentes. Dans tous les cas, avoir du pouvoir décisionnel c’est aussi faire partie de la solution. Un bon stimulant pour relancer l’implication des équipes. Si vous ne savez pas par où commencer, le poker de délégation est l'outil tout trouvé. Utilisé avec l’équipe, il permet d’identifier et de clarifier des points spécifiques où elle aimerait pouvoir prendre des décisions, sans être bloquée.
Ce qui implique aussi un travail sur soi de la part du chef d’équipe : en tant que gestionnaire, quel est votre approche quant à la délégation du pouvoir décisionnel ? Quels sont les sujets où vous êtes plus à l’aise de laisser votre équipe prendre des décisions sans vous ? Comment souhaitez-vous que votre équipe vous implique dans certaines décisions spécifiques ?
Quelle que soit la perspective favorisée, l’une n’est pas meilleure que l’autre. Le choix doit se faire en tenant compte du contexte actuel de l’équipe. Peut-être même que la « bonne » réponse serait de mettre à profit les deux perspectives : d’abord de dynamiser les gens pour ensuite leur donner du pouvoir décisionnel.
Deuxième exemple : dans une autre organisation on note que les gestionnaires en ont beaucoup sur les épaules. La structure est très verticale, rien ne peut être décidé sans leur aval. Avec l’augmentation de leur charge de travail, ce sont aussi les délais de validation qui s’allongent, au risque de manquer des jalons importants. Comment pourrions-nous permettre aux équipes de prendre plus de décisions ?
Si le management est si lourd, c’est qu’il est temps d’en partager le fardeau : de changer le système et non les gens. Dans cet exemple aussi, plusieurs perspectives de Management 3.0 peuvent s’appliquer : dynamiser les gens, leur donner du pouvoir décisionnel ou même développer leurs capacités. S'ils développent leurs compétences ils seront plus en confiance pour venir épauler le chef d'équipe et prendre le lead sur certains points.
L’idée, au final, est que les perspectives du management 3.0 permettent de regarder les défis quotidiens différemment. Chaque perspective devrait inspirer des actions ou des approches différentes. Il n’y a pas d’ordre précis à suivre et parfois, se diriger vers une seule perspective va suffire pour surmonter le défi. Bien que l’appellation management 3.0 sous-entende qu’elle est d’abord une approche de gestion, les propositions peuvent venir aussi des employés non gestionnaires. Le but ultime du management 3.0 est de créer un environnement de travail sain, où les uns et les autres auront du plaisir à travailler, où ils pourront développer leurs compétences, où régnera la confiance et une certaine forme de collégialité dans le processus décisionnel pour contribuer à la satisfaction des clients.
Le management 3.0 est avant tout un état d’esprit, une façon différente de regarder les défis de l’organisation. Pour un gestionnaire (mais pas seulement), aborder les besoins de l’équipe au travers de ces perspectives, c’est maximiser les opportunités de la soutenir et de la rendre plus efficace.
La gestion c’est l’affaire de tous, pas seulement du « chef ».
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