Qu’est-ce que le mentorat inversé?
Un récent article paru dans La Presse propose quelques éléments de réflexion sur le sujet. Le mentorat inversé est une pratique organisationnelle permettant à de jeunes collègues moins expérimentés de mentorer leurs collègues plus âgés.
Cette nouvelle manière de faire semble gagner en popularité au Québec. Rappelons que Jack Welch, en 1999, alors président de General Electric, a établi cette pratique en demandant à ses 500 cadres d’être mentorés par de jeunes employés, plus habiles avec le virage numérique. "On en voit de plus en plus", dit Marie-Ève Roberge, présidente de Mentorat Québec. "Et je pense que les ressources humaines ont plus d’informations et de documentation à ce sujet", mentionnait-elle à la journaliste Maude Goyer. L’initiative est très pertinente dans la mesure où les employés séniors se voient offrir l’opportunité de "rester à la page” et de poursuivre le développement de leurs compétences. Par exemple, comment créer un “meme” sur les réseaux sociaux, utiliser un “GIF” ou comment se servir adéquatement de TikTok. Tous les sujets sont bons!
En quoi cela consiste, concrètement?
Il faut d’abord comprendre que le mentor n’est ni un coach, ni un parrain, ni un patron. En d’autres termes, il n’existe pas de liens hiérarchiques entre le jeune mentor et le mentoré d’expérience afin d’éviter toute confusion dans les rôles et de favoriser la liberté d’expression entre les deux collègues.
La différence fondamentale, dans le cas présent, est que le mentoré est plus expérimenté que son mentor. Ainsi, concrètement, les rencontres de mentorat doivent s’organiser dans le milieu de travail et du temps doit être alloué afin que ces rencontres puissent se dérouler.
De l'avis de Matt Starcevich, la création d'un bon programme de mentorat inversé suppose une planification adéquate. Il est essentiel de créer un programme structuré de sorte que les participants ne soient pas surchargés de travail et enclins à négliger les séances de formation. Enfin, le mentor et l'apprenant doivent recevoir une formation. "Il importe que le mentor sache reconnaître ce qui est important et qu'il fasse preuve de patience; l'apprenant doit quant à lui mettre son ego de côté, précise Jerry Wind. Le mentorat inversé est un excellent concept, mais qui demande toutefois un certain effort." Le mentoré doit se sentir entièrement à l’aise de se confier sur ses difficultés ou sur les compétences qu’il souhaite améliorer sans craindre que ses confidences aient un écho à l’intérieur de l’entreprise. Dans le mentorat inversé, les jeunes mentors se sentent valorisés et inclus... et qu'ils développent plus vite un sentiment d’appartenance.
Le mentorat inversé, sur le terrain
Un employé junior du département des ressources humaines rencontre périodiquement un cadre de plus de 15 ans d’expérience dans le but d’échanger sur les nouvelles tendances de recrutement. Par exemple, discuter de la manière dont la plateforme TikTok peut être utilisée pour attirer la génération Z ou encore de la stratégie à employer pour attirer d’éventuels candidats sur LinkedIn. Agendrix a soulevé des points positifs au mentorat inversé :
- Donner une perspective nouvelle aux employés avec plus d’expérience;
- Augmenter le taux de rétention des employés moins expérimentés;
- Augmenter le partage des connaissances numériques;
- Bâtir une culture d’entreprise solide;
- Renforcer les liens entre les employés;
- Faire la promotion de la diversité au travail;
- Valoriser les connaissances et l’opinion des employés juniors;
- Développer les connaissances et aptitudes des employés;
- Augmenter l’engagement des employés.
En conclusion : Par où commencer?
Le mentorat inversé fait de plus en plus jaser et ses impacts positifs sont bien réels. Évidemment, un employeur qui met cette nouvelle pratique en place peut se voir confronté à des appréhensions de la part d’employés séniors (tout le monde craint quelque peu le changement!), mais c’est petit à petit que chacun y verra des bénéfices. Il ne faut pas perdre de vue que la résistance peut aussi se faire sentir chez le junior qui vivra peut-être un malaise de se retrouver à “encadrer” un sénior. La situation peut vite devenir embarrassante ou stressante si la préparation n’a pas été suffisante en amont. Il faut laisser un peu de temps à la chimie d’équipe de s’installer, en s’assurant que les balises sont comprises et respectées à la fois par le mentor et le mentoré.
Dans une relation de mentorat inversé, une personne moins expérimentée (et généralement plus jeune) sert de mentor à une personne plus expérimentée. Cette relation permet au mentoré d’avoir un point de vue nouveau sur une situation donnée et lui offre des outils qu’il n’avait peut-être jamais envisagé auparavant.
Le mentorat inversé bénéficie à la fois aux mentors et aux mentorés, aidant à combler le fossé générationnel et à améliorer la communication au sein des équipes.
Le mentorat inversé est un excellent outil d’apprentissage, en particulier lorsqu’il est question de transformation numérique, de tendances technologiques ou de culture d’entreprise.
Pour aller plus loin :
Mentorat : comment en tirer profit pour gérer les talents dans votre organisation
Sources
Elo Mentorat. “Mentorat en entreprise: Un levier pour la cohabitation harmonieuse des générations au travail”.
Réseau Mentorat. “Les avantages d’être mentoré”.
La Presse. “Quand les jeunes guident les anciens”.
CRHA. “Mentorat inversé: Une nouvelle forme d’apprentissage”.
Indeed. “Quelle est l’utilité du mentorat inversé?”.
Agendrix. “https://www.agendrix.com/fr/glossaire-rh/mentorat-inverse”.
Me and You Too. “Comment mettre en place un système de mentorat inversé”.
Photo de Kenny Eliason sur Unsplash