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Portrait de formateur

Comment rendre un cours à distance plus attrayant ?

Françoise Crevier
Comment rendre un cours à distance plus attrayant ?

On n’a pas idée du nombre de fois où cette question a été portée à mon attention au cours des deux dernières années. Quand je poussais un peu le questionnement, on finissait par avouer que ça semblait peine perdue d’intéresser les participants à distance sans utiliser des trucs, souvent médiatiques, pour retenir leur attention.  

Je comprends bien le problème et il est vrai que les cours transmissifs (quand le formateur agit comme dispensateur de connaissances) se transposent difficilement à distance. Mais la question à poser est peut-être plus profonde: Comment rendre mon cours plus attrayant, que ce soit en présence ou à distance? 

L’effet révélateur de la formation à distance 

Les cours que l’on donne en présence sont-ils vraiment plus intéressants que leur version diffusée à distance? La question mérite d’être posée… Après tout, si le cours est identique, pourquoi la distance vient-elle perturber à ce point l’intérêt des participants? Je pense que la réponse est ailleurs et qu’on s’illusionne souvent sur l’intérêt que soulèvent nos cours.  

Comme tous sont présents physiquement dans nos classes, on s’imagine que tous sont présents cognitivement. Et même si c’était vrai, leur présence cognitive est-elle suffisante pour que les cerveaux se mettent en action, pour qu’ils fassent l’effort d’encoder de nouvelles connaissances et de modifier des chemins neuronaux? Parce que c’est de ça dont on devrait parler : apprendre signifie obligatoirement que l’on modifie des connexions entre les neurones et qu’on maintienne ensuite ces connexions vivantes. Cela nous coûte cher en énergie et c’est sans doute la raison pour laquelle le cerveau a tendance à rester en veilleuse…  

Apprendre implique un investissement d’énergie biochimique. Pas d’investissement d’énergie, pas d’apprentissage.   

Un défi pour vous 

Voici le défi que je vous lance. Pendant que vous donnerez votre prochain cours transmissif en présence et que vous travaillerez à expliquer cette connaissance qui vous semble si importante, prenez trois secondes pour regarder les participants (surtout après le lunch, vers 14h00!) et posez-vous honnêtement la question : suis-je vraiment en train de modifier leurs connexions neuronales? Se passe-t-il vraiment quelque chose de sérieux dans leur cerveau? Apprennent-ils vraiment, et ce de façon durable? Ma formation va-t-elle avoir vraiment des retombées dans l’entreprise? 

Je me suis posé cette question un certain jour de printemps, il y a plusieurs années, et cela m’a amenée à changer radicalement ma posture pédagogique. Mais changer comment? Pour quoi? 

Créer des contextes d’apprentissage plutôt que d’enseigner 

La solution est pourtant simple. Il suffit d’enseigner moins, mais au bon moment. Par exemple, au lieu de partir de l’hypothèse « il faut que j’enseigne d’abord parce qu’ils ne savent pas », travaillez plutôt du point de vue suivant : « qu’est-ce que je pourrais créer comme activité, comme défi, pour qu’ils puissent bâtir des connaissances en équipe, même si c’est encore imparfait »? 

Faites suivre cette activité d’un retour en groupe et d’un partage de découvertes. Agissez comme médiateur et faites émerger d’abord les controverses, tentez ensuite de créer des consensus. Bref, faites chauffer les cerveaux. Une fois que les cerveaux sont bien allumés, vous pouvez maintenant « enseigner » parce qu’ils sont prêts à accueillir votre position, vos explications comme un effet apaisant, rassurant. Les cerveaux ont maintenant besoin de vous! 

Si vous fonctionnez ainsi, section par section, je peux vous assurer que présence ou distance, il n’y aura plus de différence. Les participants vont… participer et toute cette énergie investie va laisser des traces.  

Pour illustrer le faible taux de rétention des formations transmissives, David Merrill1, un chercheur américain bien connu en ingénierie pédagogique, les qualifie ainsi: Spray and pray! 

En terminant 

Voilà la bonne nouvelle : si vous construisez vos cours de cette façon, vous impliquerez les participants dès le début de chaque section de cours, votre cours sera dynamique et il sera aussi efficace en présence qu’à distance. En réalité, ce sera le même cours. De plus, vous n’aurez pas besoin de recourir aux effets médiatiques pour attirer l’attention. C’est votre approche pédagogique qui va les impliquer au lieu d’effets spéciaux qui ne laissent pas de traces durables.  

Attention, après cette expérience, il se peut que vous ayez de la difficulté à faire marche arrière et à revenir à vos cours magistraux. Mais vous êtes maintenant prévenus! 

Pour en savoir plus :

Conception pédagogique : créer des formations engageantes et efficaces

 

Transformation pédagogique : passer de la présence à la distance

 

Photo de Elisa Ventur sur Unsplash

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