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Les bons côtés du retour au bureau

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par Technologia
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Les bons côtés du retour au bureau

La pandémie aura au moins eu une vertu : montrer que le télétravail était possible et aussi efficace que celui en présence (en termes de productivité pure, moins en termes de cohésion). Maintenant que la pandémie semble s’éloigner, certains patrons aimeraient que leurs employés reviennent, au moins en partie, au bureau.  

Mais pourquoi reviendraient-ils alors qu’à distance ils ont un meilleur équilibre travail/famille, qu’ils font des économies en temps et argent sur le voyagement, que leurs habitudes ont changé, qu’ils ont créé d’autres routines, réorganiser leur espace, apprivoiser de nouveaux outils pour assurer leur efficacité et maintenir la collaboration ? 

Il y a clairement un travail à faire de la part des organisations pour souligner que le retour au travail, même partiel, ne vise pas le seul intérêt des gestionnaires, mais qu’il est aussi bénéfique pour les salariés. Voici quelques pistes de réflexion.  

Aller au bureau pour créer une saine émulation 

Côtoyer ses collègues est le premier moyen pour confronter ses idées, solliciter une rétroaction rapide, rebondir sur une proposition… échanger et faire avancer les choses, un peu plus vite. C’est aussi plus spontané que dans un courriel ou lors d’un appel en visioconférence. Pour les entreprises comme pour leurs équipes, travailler ensemble favorise la créativité et l’innovation (une idée en entraîne une autre, un propos anodin entendu par hasard peut aider à la résolution d‘un enjeu). Créativité et innovation sont deux aspects primordiaux pour leur survie, quel que soit le domaine d’activité.  

Plus largement, la présence de collègues au bureau permet de stimuler la motivation générale… et de limiter le surmenage. En effet en télétravail certains ont plus de mal à mettre un terme à leur journée, alors qu’au bureau il y a bien un moment où il faut rentrer chez soi. D’autre part, les interruptions, peut-être un peu dérangeantes, qui ne manquent pas d’intervenir au bureau, jouent en fait un rôle positif sur le cerveau et lui évite la surchauffe! Alors n’ignorez pas le collègue qui passe la tête par la porte du bureau et vous interrompt dans votre travail (si ce n’est pas trop souvent quand même), il vous évite le surmenage. À distance ces pauses nécessaires à votre cerveau sont plus rares.  

La présence pour favoriser la cohésion 

Bien que joindre ses collègues avec les outils de clavardage soit aisé, cela ne remplace pas une discussion de vive voix. D’abord pour profiter du non verbal, ensuite pour éviter les tensions toujours possibles quand on échange par média interposé. Qui n’a pas vécu un début de “conflit” parce qu’une tournure de phrase portait à confusion ou était interprétée négativement, sans que ce soit la volonté de son auteur ? Autre avantage que la science nous a appris est que le contact humain nous fait du bien : en fréquentant nos semblables nos neurones produisent une substance propice à l’amitié, l’amour, l’entraide, etc. Plus nous nous fréquentons plus nous formons un groupe et développons une cohésion. Avec le travail à distance, cette cohésion professionnelle peut s’effriter au profit d’une cohésion avec les personnes que nous voyons régulièrement (voisins, amis, famille). Si les deux cohésions sont nécessaires (personnelle et professionnelle), il va de soi que l’absence de cohésion professionnelle forte jouera en défaveur de l’entreprise (taux de roulement du personnel élevé, moins de réactivité en cas d’enjeux, déresponsabilisation, etc.). Si cette cohésion professionnelle est salutaire pour l’entreprise, elle l’est aussi pour ses employés : elle donne du sens au travail. On perd moins de vue ce pour quoi on se lève le matin et pourquoi on est payé.  

Autre élément de cohésion, les échanges purement informels pendant les repas ou lors d’un 5 à 7 après le travail par exemple. Ce partage, pourtant non professionnel, contribue lui aussi à solidifier les liens dans les équipes.  

À terme, être avec ses collègues contribue à renforcer l’idée d’objectif commun. On observe même une forme de contagion quant à cet objectif : si l’on voit clairement les autres se démener pour contribuer aux objectifs de l’organisation, les chances sont grandes que l’on adhère à la même dynamique. Et un groupe qui sait pourquoi il travaille est un groupe qui travaille mieux.   

Loin des yeux loin du cœur 

Revenir au bureau c’est aussi se rappeler au bon souvenir de ses camarades et de son gestionnaire. Soyons réaliste un instant, entre une personne qui est présente et une qui est distante, laquelle a le plus de chance de nouer des liens avec son boss ? Être présent c’est profiter de conversations impromptues qui peuvent amener à des prises de décisions... auxquelles la personne distante n’aura pas participé même si elle est impactée. Entre les deux, laquelle a le plus de chance de rester dans la mémoire du chef d’équipe quand viendra le temps d’attribuer les projets, les primes, les promotions ? Bien que la logique derrière cela ne soit pas objective (une personne distante ne travaille pas moins bien qu’une personne présente, d’autant que cela aura été convenu avec le gestionnaire), le cerveau humain fonctionne (en partie) sur l’affect et la subjectivité. Si vous êtes loin vous avez plus de chance d’être objectifié et que les décisions à votre encontre soient prises avec moins de considération. 

Se voir pour partager 

Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas. En côtoyant les autres, au contraire, nous pouvons en prendre conscience et bénéficier de leur savoir et eux du notre. Nous pouvons partager les connaissances, aider au développement des compétences, faire preuve de mentorat, le tout au service des objectifs d’affaires.  

Et s’il y a des nouveaux employés, il va sans dire que l’intégration est plus rapide et plus forte en présence. Surtout si le nouveau talent sort de l’école ou n’a qu’une mince expérience du monde du travail. Comment se rendre compte à distance des éventuelles difficultés de la personne ? 

Conclusion 

Avec les circonstances exceptionnelles récentes, tout le monde s’est adapté et a organisé son quotidien pour livrer ce qui était attendu, malgré tout. Force est de constater que les choses ont plutôt bien fonctionné… alors pourquoi changer ? D’autant qu’il semble encore y avoir un écart significatif dans les perceptions entre gestionnaire et employés. Les gestionnaires sont bien plus nombreux, proportionnellement, à souhaiter un retour en présence. Probablement parce qu’ils ne vivent pas les mêmes enjeux que leurs équipes (dans l’entreprise ils ont un bureau fermé, la supervision des équipes est plus facile, etc.). Puisque rester à distance apporte des avantages réels (souplesse des horaires, transport, etc.) mesurables à très court terme pour les équipes, charge à l’organisation et ses cadres de trouver des sujets de motivations pour revenir en présence. L’erreur serait de prôner le retour au bureau simplement par facilité de vouloir revenir « comme avant ». Il faut donner une bonne raison aux gens de revenir, sinon ils en trouveront une pour aller voir ailleurs.  

Se voir à nouveau c’est aussi se donner les moyens de passer un cap, celui de la pandémie. 

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