Qu'est-ce que la charge mentale ?
C'est l'ensemble des pensées, préoccupations et ruminations qui nous occupent constamment. Elle résulte d’un stress lié à la gestion simultanée de multiples responsabilités. L’INSPQ intègre la charge mentale dans la catégorie des “risques psychosociaux”. On décrit ces risques psychosociaux comme des facteurs qui sont liés à l’organisation du travail, aux pratiques de gestion, aux conditions d’emploi et aux relations sociales et qui augmentent la probabilité d’engendrer des effets néfastes sur la santé physique et psychologique des personnes exposées.
Plusieurs facteurs contribuent à l’intensification de cette charge au travail : l’accélération des rythmes de travail, l’ampleur des projets, les changements incessants, les délais serrés, les attentes croissantes, ainsi que la complexité des relations humaines. De plus, la technologie et la gestion constante de l’information amplifient cette surcharge cognitive, sollicitant notre cerveau de manière continue.
Si cette charge n’est pas correctement gérée, elle peut se transformer en stress psychologique, impactant la santé et la qualité de vie au travail. Vous avez déjà quelques exemples en tête de ce que vous vivez au travail? C’est normal!
Quelles conséquences ?
Sur le plan personnel, on pense notamment à la fatigue, ce qu’on appelle la “dispersion” et le “brouillard mental” (difficulté à être attentif, oublis fréquents, pertes de mémoire), mais aussi la difficulté à se mettre en action. Sur le plan professionnel, on note la baisse de la productivité, de la motivation, de la créativité, de la concentration et de la prise de décisions.
Sur le plan relationnel, cela relève de problématiques liées à l’irritabilité, l’impatience et à l’animosité. Autant de facteurs qui impactent négativement notre efficacité comme celle de l’équipe.
La charge mentale réduit notre capacité à gérer le stress, créant par là-même un cercle vicieux difficile à briser, qui peut aller jusqu’à provoquer des troubles anxieux, des crises de panique, des problèmes de sommeil, etc. Statistiques Canada souligne qu’un peu plus de 4,1 millions de personnes ont déclaré éprouver des niveaux de stress lié au travail élevés ou très élevés, ce qui représente 21,2 % de l'ensemble des personnes en emploi. Les causes les plus courantes sont une lourde charge de travail, qui touche 23,7 % des personnes en emploi, ainsi que la difficulté à concilier travail et vie personnelle (15,7 % des personnes en emploi). L'institut de recherche et d’études féministes de l’UQAM a également produit une recherche identifiant la charge mentale qui s’accumulent sur les épaules des femmes en milieu de travail, encore en 2024. Le constat de la FCCQ est tout aussi alarmant: En 2023, une étude de l’Université Laval a révélé que 49 % des employés de PME interrogés vivaient avec un trouble de santé mentale ou d’abus de substances. Simon Coulombe, chercheur principal de l’étude, a constaté qu'une personne sur deux vit une détresse au moins légère et que 22 % des participants souffrent d'anxiété à un niveau clinique.
Vous l’aurez compris, la charge mentale n’est pas un sujet à négliger car ses conséquences sont réelles et tangibles. Passé ce diagnostic, voyons comment contrer le phénomène.
Comment préserver sa santé mentale face à la charge mentale ?
Quelques mesures peuvent être prises pour faire tomber la pression rapidement :
- Priorisation des tâches (tout ne peut pas être une priorité!)
- Déconnexion numérique après les heures de travail (pour se reposer et de se ressourcer. Et si certains ont du mal à le faire, le Canada songe à s’inspirer de certaines lois européennes qui interdisent purement et simplement de contacter un collaborateur en dehors de ses horaires de bureau).
- Une communication ouverte au sein de l’équipe quant à la surcharge, pour assurer une meilleure répartition des tâches. Cet aspect peut nécessiter comme préalable l’existence d’un climat de travail bienveillant ou chacun est libre de s’exprimer. Des réunions informelles pourraient être mises sur pied, simplement pour prendre le temps d’échanger à ce sujet et de potentiellement créer des collaborations entre les employés pour s’épauler.
- Apprendre à dire non. Il nous est tous arrivé d’accepter un projet en plus ou un délai trop court, pour plein de fausses bonnes raisons (client important, collègue sympathique, gestionnaire autoritaire...). Accepter ce qui n’est pas tenable mène inéluctablement à une surcharge (et au risque que cela se reproduise puisque vous avez déjà accepté une première fois). Dire non ce n’est pas refuser de travailler, ni d’aider, c’est au contraire se donner les moyens d’assumer votre charge de travail et de livrer ce que vous avez déjà à livrer. Dire non peut demander de la résolution et de la méthode (plus de détails sur la façon de faire dans cet article).
- Faire preuve de « pleine conscience » (Mindfulness). Une notion qui mérite qu’on s’y attarde. Bien que les définitions et les méthodes de mesure de la pleine conscience divergent parfois dans la littérature scientifique, deux dimensions sont toujours au cœur de ce concept : l’attention et l’acceptation. L’attention est l’activité mentale dirigée délibérément vers ce qu’on vit à l’instant présent (sensations corporelles, émotions ou pensées). L’acceptation, quant à elle, consiste à accueillir avec bienveillance et avec curiosité ce qu’on perçoit sans souhaiter que l’expérience se déroule autrement. En d’autres termes, restez à l’écoute de votre corps et de vos émotions. Ne refoulez surtout pas vos émotions et communiquez votre état à votre entourage de confiance.
Pleine conscience et gestion de la charge mentale
La pleine conscience consiste à ramener son attention sur le moment présent de manière intentionnelle (pensées, émotions, sensations, mais sans chercher à les analyser ou étiqueter). Quelques avantages :
- Réduction du stress : j’accueille mes émotions telles qu’elles sont, sans y réagir impulsivement.
- Concentration et attention sur le moment présent ce qui limite les pensées critiques.
- Augmentation de la résilience : en acceptant la situation comme elle est, sans la juger je facilite mon adaptation aux imprévus ; et je lâche prise sur ce que je ne contrôle pas.
- Amélioration des relations : en ne jugeant pas je suis plus empathique et authentique, ce qui est propice à la diminution des malentendus ou des jugements rapides.
Former les gestionnaires à cette approche a un impact significatif sur leur pratique. Parmi les bienfaits on observe, entre autres, la capacité à :
- Identifier les signes de surcharge mentale
- Réduire les comportements réactifs
- Motiver les collaborateurs et renforcer leur engagement
- Assurer un soutien pour chaque membre de l’équipe
- Promouvoir une culture bienveillante et un environnement de travail sain
Pour conclure
La surcharge cognitive au travail est un problème complexe, souvent sous-estimé, et pourtant très présent. Apprendre à en reconnaître les signes est le premier pas pour mettre en place des stratégies qui contribueront à réduire cette charge mentale. Après tout, il est plus que souhaitable d’établir (ou de rétablir) un équilibre entre les exigences professionnelles et le bien-être personnel. C’est un travail de co-création qui attend les organisations et leurs employés pour élaborer cet environnement de travail productif, sain et harmonieux.
Pour aller plus loin :
Santé mentale : gérer sa charge mentale pour éviter le surmenage