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Les neuromythes ont la vie dure

Françoise Crevier
Les neuromythes ont la vie dure

Qu’est-ce qu’un neuromythe ? C’est une croyance, à propos de la formation ou de l’éducation, qui ne repose pas sur des données probantes, mais plutôt sur le soi-disant « bon sens », ou sur des interprétations scientifiques erronées. Comme ces neuromythes ont été partagés encore et encore depuis des dizaines d’années (pour certains), ils font un peu partie du paysage et sont malheureusement considérés comme des vérités encore d'actualité.

Françoise Crevier, spécialiste en ingénierie pédagogique, fait un rapide tour d’horizon des neuromythes les plus répandus.

Cerveau droit ou cerveau gauche ? 

Cerveau droit cerveau gauche | Technologia


Les personnes créatives auraient une prédominance de leur cerveau droit, tandis que les personnes analytiques de leur cerveau gauche. S’il y a bien des gens plus créatifs et d’autres plus analytiques, il n’existe pas de preuve scientifique qu’ils utilisent plus une partie de leur cerveau qu’une autre. Ce mythe repose sur des constatations médicales du 19e siècle dont les limites ont été largement documentée depuis. À l’époque on en était même venu à prétendre que le cerveau gauche était celui de l’intelligence et le droit celui de l’animalité. Le débat a continué et c’est dans les années 90 que le cerveau gauche a été attribué aux analytiques et le droit aux créatifs (et aux femmes !). Depuis la science a démontré que les deux parties du cerveau travaillent ensemble, heureusement pour nous. 

Quel est votre style d’apprentissage ?

Quel est votre style d'apprentissage | Technologia

Photo by Braňo on Unsplash

Certains apprendraient mieux en lisant, d’autres en écoutant et d’autres encore en manipulant. L’idée derrière cette théorie était de faire correspondre le bon type d’apprentissage au participant selon son style pour justement améliorer le processus d’apprentissage. Cette approche a vu le jour dans les années 30 s’est heurté à des obstacles significatifs : on a vu émerger une profusion de typologies au fil du temps, fragilisant sa crédibilité. Cette dernière a encore été enfoncée par les divergences théoriques qui opposaient même ses partisans… Les études menées sur le sujet des styles d’apprentissages n’ont pu démontrer la justesse de cette approche. Elles ont même souligné la faiblesse de ses fondements : les styles sont-ils des traits (immuables) ou des états (modifiables) ? Certains styles sont-ils plus efficaces que d’autres ? Etc. Une bonne nouvelle toutefois, les chercheurs ont pu mettre en évidence les bénéfices d’un apprentissage multisensoriel et que l’attention (et les résultats) des participants s’améliorent si le formateur est en mesure de prendre en compte leurs forces et leurs faiblesses. 

Le cerveau est utilisé à 10% de sa capacité

10% du cerveau | Technologia

Photo by elizabeth lies on Unsplash

C’est une (très) vieille croyance qui repose principalement sur le fait que le cerveau est particulièrement difficile à étudier. Dire que nous utilisons seulement 10% de notre cerveau relève donc du fantasme : imaginez ce que nous serions capable de faire si nous déclenchions les 90% dormants… à coup sûr les humains deviendraient des super-héros. La science ayant progressé depuis les premières études sur le sujet, elle est aujourd’hui parfaitement en mesure de prouver que nous utilisons bien toutes les zones de notre cerveau. La théorie qui voudrait que l’on utilise seulement 10% de notre cerveau est (heureusement) complètement fausse, quelque soit l’angle sous lequel on la prend. Premier angle : seules 10% des zones de notre cerveau seraient utilisées. La résonnance magnétique a démontré sans le moindre doute que toutes les zones de notre cerveau sont mises à contribution. Autre angle : 10% des cellules seraient fonctionnelles. Heureusement que non car dans les faits, une cellule qui ne fonctionne pas… meurt. La raison la plus logique pour cette erreur de perception sur le fonctionnement du cerveau vient peut-être du fait que nous ne mobilisons pas 100% de notre cerveau simultanément. Nous mobilisons ce dont nous avons besoin selon le contexte.   

Tout se joue avant l’âge de 6 ans 

Tout se joue avant 6 ans | Technologia

Photo by Edi Libedinsky on Unsplash

C’est faux et en partie basé sur une veille croyance selon laquelle notre stock initial de neurones ne ferait que diminuer. Les recherches montrent que si nous perdons des neurones, nous en gagnons aussi car nous sommes encore capables d’apprentissages complexes, même à des âges avancés. Ce mythe est d’autant plus loufoque que l’âge rédhibitoire varie selon les auteurs. S’il est indéniable que les premières années sont fondamentales dans le développement des enfants, il est tout aussi vrai que les apprentissages vont continuer, passé six ans. Une des particularités du cerveau est justement sa capacité à créer de nouvelles connexions neuronales, même à l’âge adulte. L’important est de maintenir la stimulation tout au long de la vie.

Je suis multitâche !

Le Multitâche | Technologia

Photo by juan pablo rodriguez on Unsplash

Certains prétendent pouvoir faire plusieurs choses en même temps ! La science démontre qu’ils sont surtout capables de faire plusieurs choses mal ! Le seul multitâche possible est celui qui intègre une tâche automatique (que vous pouvez effectuer sans y penser). Par exemple avoir une conversation soutenue pendant que vous marchez. Une fois acquise, la marche est une activité que l’on est capable de faire sans y penser. Cet automatisme permet au cerveau de se concentrer sur l’autre tâche, qui demande elle de la concentration. Inversement faite l’essai de répondre à un courriel important tout en participant à une réunion. Vous verrez que si vous répondez correctement à votre courriel, vous aurez perdu des bouts de la réunion… Factuellement, il est impossible pour le cerveau d’activer les mêmes zones du cerveau pour mener des actions différentes. C’est vrai que vous soyez un homme ou une femme.

Cette liste de neuromythes n’est (hélas) pas exhaustive. Le but est de montrer qu’ils sont encore très présents et qu’il convient d’être vigilant quand il s’agit d’apprentissages.

Pour aller plus loin : 

Conception pédagogique : créer des formations engageantes et efficaces

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Voir le webinaire Formation : pourquoi les résultats ne sont pas (toujours) au rendez-vous ?

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